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appendice

Et qu’enſuite, ſix vers artiſtement rangez
Fuſſent en deux Tercets par le ſens partagez.
Sur tout de ce Poëme il bannit la licence :
Luy-meſme en meſura le nombre & la cadence :
Deffendit qu’un vers foible y puſt jamais entrer,
Ni qu’un mot déjà mis oſaſt s’y remontrer.
Du reſte il l’enrichit d’une beauté ſuprême.
Un Sonnet ſans defauts vaut ſeul un long Poëme.
Mais envain mille Auteurs y penſent arriver,
Et cet heureux Phénix eſt encore à trouver.
A peine dans Gombaut, Maynard, & Malleville
En peut-on admirer deux ou trois entre mille.
Le reſte auſſi peu lû que ceux de Pelletier,
N’a fait de chez Sercy qu’un ſaut chez l’Epicier.
Pour enfermer ſon ſens dans la borne preſcrite,
La meſure eſt toûjours trop longue ou trop petite.

(L’Art poétique en vers. — Voy. les Œuvres diverſes du Sr Boileau Deſpréaux… A Paris, Chez Denys Thierry… m. dcci. — T. I. Chant ſecond.)



III


« Tout ſujet ne comporte pas de longs développements. Il en eſt qui, au contraire, ſont reſtreints par leur nature, & ne demandent qu’un petit nombre de vers.

« À ces ſujets-là, le ſonnet — ſorte de petit tableau au cadre rétréci — convient parfaitement. Une poéſie en deux ou trois ſtances ſemble quelque choſe d’inachevé, d’ébauché ;