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XXXII
histoire


ſemble que la langue poétique, travaillée pendant deux cents ans, éprouva le beſoin de ſe donner du relâche & de courir un peu à ſa guiſe, pour repoſer ſes articulations fatiguées par le chevalet rhythmique.

Il eſt d’ailleurs à remarquer que, dans tous les temps, les Sonnets des grands poètes ont toujours été les plus réguliers & les plus irréprochables[1]. Ainſi : au xvie siècle, ceux de Ronſard, de Deſportes, de Du Bellay ; au xviie siècle, ceux de Corneille, de Regnier, de Malherbe.

La nouvelle école poétique qui s’ouvrit après 1827, curieuſe de tout ce qui tenait au paſſé de notre hiſtoire littéraire, devait naturellement rencontrer le Sonnet dans ſes recherches, & le revendiquer.

Quelques-uns des poètes de cette école en ont compoſé de fort beaux, que tout le monde a lus.

Il eſt cependant à noter que les deux plus glorieux, MM. de Lamartine & Victor Hugo, n’ont fait ni l’un ni l’autre de Sonnets[2]. Eſt-ce mépris d’une forme

  1. Relire le Sonnet dédicatoire à la Reine Régente, en tête de Polyeucte, qui eſt d’une correction magnifique (page 53 de ce recueil). On a retrouvé dernièrement dans le Recueil de Godefroy, à la Bibliothèque nationale, un Sonnet inédit de Corneille. (Voyez Athenæum français, 2e année.)
  2. Cette obſervation, exacte en 1856, date de la première publication de ce travail, ne l’eſt plus en ce qui touche Victor Hugo. On connaît à préſent deux Sonnets de lui : le premier eſt reproduit dans ce recueil (page 67) ; nous donnons dans les Notes & Variantes, p. 194, le ſecond intitulé Jolies Femmes.