Page:Asselineau - Le Paradis des gens de lettres, 1862.djvu/51

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sommeil, l’esprit, dont les organes ne sont que les ministres et les serviteurs, cesserait-il pour cela d’agir ! Ne sais-tu pas que des poètes ont trouvé toute faite à leur réveil la strophe qu’ils avaient commencée avant que de s’endormir ? que des religieux ont trouvé ainsi leur méditation toute préparée ; et que des orateurs se sont quelquefois souvenus d’avoir trouvé pendant le sommeil des mouvements d’éloquence et des arguments qu’ils n’ont pu ressaisir une fois éveillés ? Quelques-uns de vos philosophes ne vous ont-ils pas dit que le rêve est une vie complémentaire de l’autre et que le vulgaire ne traite les rêves de vanités que faute d’en ressaisir parfaitement la liaison et la gradation ? L’esprit agit d’autant mieux pendant le sommeil, qu’il agit par lui-même et pour lui-même, et sans l’entremise des