Page:Asselineau - Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique, 1866.djvu/101

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Mais qu’un autre pleure sans gloire
Sur ses rêves évanouis :
Je veux au fond de ma mémoire
En éterniser les débris.
Mon cœur s’attache à leur image
Comme la voile dans l’orage
Au mât par la houle emporté.
Oui, mon bonheur ne fut qu’un songe ;
Mais qu’importe, si le mensonge
Valut pour moi la vérité !

Je fus heureux ! moment d’ivresse,
De mon sein tu ne peux sortir.
Je fus heureux ! dieu ni déesse
Ne sauraient plus t’anéantir !
Que Jupiter sur toi s’attache !
Que sa main du passé t’arrache !....
Du passé, rebelle à sa loi,
Feuille éternelle, ineffaçable,
Ton souvenir impérissable
Est à moi, pour jamais à moi.

En vain, des sombres Euménides
Le fouet sanglant brise mes os ;
En vain cent flammes homicides
Autour de moi roulent leurs flots ;
De tes baisers, céleste amante,
La volupté toujours vivante