Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

excellent, comme vous allez voir. Les Anglais ont remarqué que l’on fait souvent dans nos forêts des rencontres auxquelles on ne s’attend pas, — celle d’un tigre, par exemple, ou d’un jaguar, ou d’une panthère. Or, cet animal qui se lève de grand matin, comme nous, qui a faim comme nous et plus que nous, qui vit de sa chasse et qui n’a pas d’autre moyen d’existence, attend souvent le voyageur au coin d’un sentier, dans l’espérance de déjeuner… De plus, comme il n’aime pas à attaquer les gens en face, il saute presque toujours sur eux par derrière, au moment où on l’attend le moins, et vous emporte dans la jungle pour vous dévorer à son aise.

Or les Anglais, qui sont des gens très-sensés, très-prudents, vrais gentlemen, et qui regardent leur peau comme plus précieuse aux yeux de l’Éternel que celle de tous les autres individus de la race humaine, — les Anglais, dis-je, ont inventé de mettre à califourchon sur l’éléphant, quand ils vont à la chasse ou à la promenade, outre le cornac chargé de conduire l’animal, un pauvre diable qui doit servir de proie au tigre, si par hasard quelque malheureux rôde dans les environs, car enfin, disent-ils, il n’est pas juste qu’un gentleman s’expose à être mangé comme un pauvre diable, et la divine Providence a dû créer les pauvres diables pour les faire manger à la place des gentlemen.