Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/14

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sur la table de l’eau et du sucre, et chacun sait que le sucre et l’eau sont les deux mamelles de l’éloquence. Pour réparer cet oubli impardonnable, il tira le cordon de la sonnette.

Mais personne ne parut.

« Ce garçon de salle est bien négligent, dit-il enfin ; je le ferai renvoyer. »

Et il sonna deux fois, trois fois, cinq fois, mais toujours inutilement.

« Monsieur, dit Corcoran qui eut pitié de son martyre, ne sonnez plus. Ce garçon se sera pris de querelle avec Louison et aura quitté la salle.

— Avec Louison ! s’écria le président. Mais cette jeune personne est donc d’un bien mauvais caractère ?

— Non. Pas trop mauvais. Mais il faut savoir la prendre. Il aura voulu la brusquer. Elle est si jeune, elle se sera emportée, probablement.

— Si jeune ! Quel âge a donc Mlle Louison ?

— Cinq ans tout au plus, dit Corcoran.

— Oh ! à cet âge-là, il est facile d’en venir à bout.

— Je ne sais pas. Elle égratigne quelquefois, elle mord…

— Mais, monsieur, dit le président, il n’y a qu’à la transporter dans une autre salle.

— C’est difficile, répliqua Corcoran. Louison est volontaire ; elle n’est pas habituée à se voir contrariée. Elle est née sous les tropiques, et ce cli-