Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moi depuis quinze jours un puissant monarque. Mais malgré l’exemple du fameux Aurengzeb que tu me citais hier, ma royauté de fraîche date ne m’a pas tourné la cervelle. J’ai tout autant de plaisir à courir le monde sur mon brick, ne connaissant d’autre maître que moi-même, qu’à gouverner tout l’empire des Mahrattes. Si je consens à tenir le sceptre, c’est à condition de rendre justice aux parias comme aux brahmines et aux paysans comme aux zémindars. Si l’on veut m’en empêcher je déposerai ma couronne dans un coin et je partirai emmenant Sita que j’aime plus que le soleil, la lune et les étoiles. Après cela, vous vous arrangerez avec Barclay comme vous pourrez. Qu’il vous ruine et vous empale, c’est votre affaire. J’aime les hommes jusqu’à me dévouer pour eux, mais non pas malgré eux.

— Plus je vous entends, dit Sougriva, plus je crois que vous êtes la onzième incarnation de Wichnou, tant vos discours sont pleins de sens et de raison.

— Si je suis le dieu Wichnou, répliqua le Breton en riant, tu me dois obéissance. Fais donc afficher ma proclamation, et prépare une vaste salle pour les représentants du peuple mahratte, car je veux dans trois semaines, jour pour jour, ouvrir mes états généraux. »

Louison, qui écoutait cet entretien, sourit. Elle