Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/41

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gresse dans la rivière. Elle leva les yeux au ciel, comme pour implorer sa pitié ou le prendre à témoin de son martyre, et les abaissa sur moi par hasard.

Quels beaux yeux ! Quel mélancolique et doux regard où se peignaient toutes les angoisses de la mort ! Pauvre Louison !

Au même instant le crocodile plongea, entraînant Louison sous l’eau. À cette vue je me décidai.

Le bouillonnement de la rivière indiquait les efforts de Louison pour se dégager. J’attendis pendant une demi-minute, la carabine à l’épaule, le doigt sur la détente, l’œil fixe.

Heureusement, Louison, qui est un animal, si vous voulez, mais qui n’est pas une bête, s’était dans son désespoir accrochée fortement à un tronc d’arbre qui pendait sur le bord de l’eau.

Cette précaution lui sauva la vie.

À force de se débattre, elle parvint à élever sa tête au-dessus de la rivière et à se tirer par là du danger le plus pressant, celui de se noyer.

Peu à peu le crocodile lui-même sentit le besoin de respirer, et, moitié de gré, moitié de force, revint avec elle au rivage.

C’est là que je l’attendais. En un clin d’œil son sort fut décidé. L’ajuster, tirer mon coup de carabine, lui envoyer une balle dans l’œil gauche et