Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, I.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vieillard en serrant sa fille sur son cœur. Le nom seul de ces Anglais me cause de l’horreur. Je prie le capitaine de m’excuser…

— Faites, mon cher hôte, dit Corcoran, et ne vous gênez pas pour maudire les Anglais. Pour moi, excepté sir William Barrowlinson, qui m’a paru un fort brave homme, bien qu’un peu prolixe dans ses explications, je ne fais pas plus de cas d’un Anglais que d’un hareng saur ou d’une sardine à l’huile. Je suis Breton et marin, c’est tout dire. Entre la race saxonne et moi, il n’y a pas de tendresse perdue.

— Ah ! vous me faites plaisir, capitaine, dit Holkar ; j’avais peur d’abord que vous ne fussiez de leurs amis, et quand je pense à l’avenir qu’ils réservent à ma pauvre Sita, mon sang bout de fureur dans mes vieilles veines, et je voudrais couper la tête de tous les Anglais qui sont dans l’Inde… Mais n’en parlons plus, et toi, ma chère Sita, pour calmer cet emportement, lis-moi, je te prie, quelques passages de l’un de ces beaux livres qui ont célébré la gloire et charmé les loisirs de nos ancêtres.

— Veux-tu, dit Sita, que je te lise un passage du Ramayana, et les plaintes si touchantes du roi Daçaratha, lorsque, étant à son lit de mort, il s’affligeait de n’avoir pas près de lui Rama, son fils chéri, ce héros invincible, et qu’il s’accusait lui-