Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/103

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quem, et voici mes raisons. L’homme, mon cher maharajah, tu le sais mieux que moi, est un vilain animal, hargneux, envieux, gênant, avare, querelleur, poltron, gourmand, dissolu ; surtout il a grand’peine à supporter son voisin. Un sage a dit : Homo homini lupus. J’ai donc cherché le moyen de n’avoir de voisin d’aucune espèce, et pour cela j’ai fait en ballon le tour du globe terrestre. Je ne m’arrêtai, comme tu peux penser, ni à la France, ni à l’Angleterre, ni à l’Allemagne, ni à aucune partie du continent européen. En planant au-dessus des villes et des campagnes, je voyais partout des soldats, des fonctionnaires, des mendiants, des prisons, des hôpitaux, des casernes, des arsenaux et des manufactures, et tout ce que la civilisation traîne derrière elle. La Turquie d’Asie me convenait assez. C’est le plus beau pays et le plus doux climat du globe. Je regardais avec envie les pentes du mont Taurus, et j’étais tenté de construire ma maison sur l’un de ses sommets qui ne sont accessibles qu’aux aigles. Mais là encore j’aurais eu des voisins, et qui pis est, des Turcs. L’Afrique me plaisait beaucoup. Là, dans ces solitudes délicieuses que dépeint le docteur Livingstone, gardés contre toute civilisation par les troupeaux de singes et d’éléphants qui parcourent la forêt immense et vont se baigner dans les eaux bleues du Zambèse, nous aurions pu, comme Adam et Ève, nous créer un