Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/109

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cinq ruisseaux d’une eau limpide, dans laquelle s’ébattaient gaiement des milliers de truites. Enfin (avantage inappréciable !) aucun homme sauvage ou civilisé ne semblait avoir mis le pied dans notre île.

Je dis notre, car nous n’hésitâmes pas un instant. Dès le premier coup d’œil, Alice jugea qu’elle ne pouvait appartenir qu’à nous. Le gouffre la défend contre toute attaque par mer. Quant à celles qui peuvent venir du ciel, personne, heureusement, ne possède encore l’art de diriger les ballons.

Quaterquem en était là de son récit, lorsqu’un coup de feu retentit dans l’arsenal ; aussi un tumulte épouvantable s’éleva dans le palais d’Holkar et lui coupa la parole. Louison, qui était couchée sur le tapis et qui regardait le narrateur avec une curiosité mêlée de sympathie, se leva toute droite et dressa les oreilles. Le petit Rama prit un air belliqueux, comme s’il se fût préparé au combat. Moustache se hérissa et se plaça devant Rama, terrible rempart. Corcoran se leva sans rien dire, prit un revolver à crosse d’argent qui était suspendu à la muraille, et voyant que Quaterquem s’armait et allait le suivre, il lui dit d’un air calme :

« Mon cher ami, reste avec les femmes et veille à leur sûreté. Je te laisse Louison. Il n’y a rien à craindre : c’est une sentinelle qui aura fait feu par mégarde. Louison, reste ici, ma chérie, je le veux !… »