Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/183

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« Tu sais, continua Corcoran, que si je te reprends dans l’exercice de ta profession, je te ferai pendre.

— Seigneur, on ne change pas de profession à mon âge. J’ai cinquante-cinq ans passés. Mais je ne demeurerai pas dans vos États, j’irai à Bombay, où je suis encore peu connu.

— As-tu peur de la mort ?

— Qui ? moi ! j’aurais peur de rentrer dans le sein de Brahma, père de toutes les créatures ! C’est bien mal me connaître. »

Baber sourit d’un air superbe, et, saisissant un couteau que le nègre portait à la ceinture, il l’enfonça froidement dans sa propre cuisse. Le sang jaillit à flots.

« Malheureux ! s’écria Corcoran en lui arrachant le couteau.

— Seigneur maharajah, dit Baber, ceci n’est rien. Vingt fois, à la foire de Bénarès, pour acquérir une réputation de piété et gagner une douzaine de roupies, je me suis fait enfoncer un crochet de fer dans le flanc. Voyez mon corps couvert de plus de cinquante cicatrices. Il n’y a peut-être pas six de ces blessures qui n’aient été volontaires[1]. »

Tout en parlant, il étanchait le sang et bandait

  1. Tout le monde sait que ces exemples de courage et de patience sont assez communs parmi les fakirs de l’Inde.