Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/205

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univers ; eh bien, il est mille fois plus heureux que toi qui travailles, te tourmentes pour arriver à un but chimérique, et qui mourras d’une balle tirée par derrière dans quelque combat d’avant-garde, au moment où tu te croiras près de rendre la liberté à cent millions d’esclaves.

— Et tu conclus de là, interrompit Corcoran, que je ferais mieux d’imiter Acajou ? Mon cher ami, c’est demander au pommier de donner des prunes. Aujourd’hui le vin est tiré, il faut le boire. »

Pendant cette conversation, la frégate, dirigée par une main habile et sûre, fendait l’air avec une vitesse que rien ne peut égaler sur la terre, si ce n’est la lumière ou l’électricité.

Des bords de la mer Caspienne où elle était parvenue, elle rebroussa chemin vers l’Orient, atteignit en une heure les premières pentes des monts Himalaya, et plana quelque temps au-dessus des montagnes du Thibet, couvertes de neiges éternelles.

Là, comme la réverbération de la neige fatiguait les yeux des voyageurs en même temps que le froid commençait à les gagner, malgré les couvertures et les épais vêtements de laine dont le prévoyant Quaterquem avait eu soin de se pourvoir, la frégate inclina vers le sud et déploya bientôt ses grandes ailes dans la vaste et sombre vallée du Gange, la plus fertile de l’univers.