Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/307

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La balle atteignit Garamagrif dans le flanc gauche. Il fit un bond terrible, poussa un rugissement, et, saisissant le soldat à la gorge, il l’étrangla net.

Mais, au bruit, à la lueur du coup de feu, tout le bataillon s’éveillait et reconnaissait Corcoran.

Celui-ci prit résolument son parti, et, tenant son sabre d’une main, son revolver de l’autre, tantôt faisant feu, tantôt sabrant, précédé et suivi de ses trois tigres, il arriva jusqu’à la ligne anglaise ; là, il se crut en sûreté.

Malheureusement les feux qu’on allumait de tous côtés éclairaient sa course, et les Anglais le saluèrent d’une décharge d’artillerie mêlée de coups de fusil.

Il se retourna : Garamagrif et Scindiah venaient d’être frappés à mort, l’un d’une balle qui l’atteignit au cœur, et l’autre d’un boulet de canon. La mort réconcilia les deux adversaires. L’intrépide Garamagrif jeta un dernier regard de mépris sur le lâche ennemi qui l’attaquait par derrière, et mourut. On peut dire de lui ce que le poëte a dit des braves tombés au champ d’honneur :

L’ennemi, l’œil fixé sur leur face guerrière,
Les regarda sans peur pour la première fois.

Louison, immobile et consternée, les yeux pleins de larmes, contempla quelques instants en silence