Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/36

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surpris, se défendait vaillamment. Leurs forces étaient à peu près égales, et une haine pareille les animait l’un contre l’autre.

Louison les regardait tranquillement, quoiqu’elle ne fût pas indifférente à la querelle ; mais elle avait trop l’orgueil de sa race et de sa famille pour craindre que son frère pût être vaincu et qu’un tigre du Bengale l’emportât sur un tigre de Java.

Cependant la victoire parut se décider contre le frère de Louison. Il roula sur le gazon et poussa un cri de détresse. À ce cri, les yeux de Louison étincelèrent de mépris. Elle poussa un sourd rugissement qui semblait dire :

« Malheureux ! tu fais honte à ta race. »

Ce rugissement rendit la force et le courage au malheureux tigre. Il regarda une dernière fois Louison, donna un coup de dents désespéré à son adversaire et s’élança, en grimpant avec la rapidité de l’éclair, sur un chêne voisin, dans les branches duquel il parut chercher un asile.

L’autre, se croyant maître du champ de bataille, entonna, d’une voix qui ressemblait à un tonnerre lointain, son chant de triomphe.

Mais ce chant fut aussi court que sa victoire. Le vaincu, se glissant d’arbre en arbre jusqu’à un sycomore dont les branches pendaient à peu de distance du vainqueur, bondit tout à coup sur