Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/48

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« Son essai de gouvernement représentatif a beaucoup mieux réussi qu’on ne devait s’y attendre dans un pays habitué jusqu’ici au plus dur esclavage ; ses députés, comme il les appelle, commencent à comprendre leurs intérêts et à les discuter très-passablement. Pour lui, il ne cherche à influencer personne ; il écoute patiemment tout le monde et même les imbéciles, car, disait-il l’autre jour en riant à un Français qui est venu le visiter, ceux-là aussi ont droit de donner leur avis, d’autant mieux qu’ils forment toujours la majorité.

« Un tel homme, devenu, si jeune encore, par un coup de fortune, par son audace et par son génie, chef d’une nation puissante à l’âge où Napoléon Bonaparte lui-même n’était encore qu’un simple officier d’artillerie, est l’ennemi le plus redoutable que nous pussions rencontrer dans l’Inde. Il a tout le génie de Robert Clive et de Dupleix sans leur rapacité. Il n’aime pas l’argent, qui est la grande passion de tous les maîtres de l’Inde ; il sait caresser toutes les classes, flatter tous les préjugés et parler toutes les langues de l’Inde. Ce sont là de grands moyens de plaire à une nation incapable de se gouverner elle-même et qui a toujours eu pour maîtres des étrangers, musulmans ou chrétiens.

« C’est à lord Braddock de surveiller soigneuse-