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LA CHASSE AUX LIONS

— Probable, » répondit Pitou.

Je répliquai :

« Oui, probable, mais pas sûr. Allons voir.

— Ça, dit Pitou, c’est interdit par les règlements. Nous sommes bien sur le plateau : nous voyons clair, nous pouvons viser, restons-y. »

Je commençai :

« Pitou, il n’y a pas d’heure ni de règlement pour les braves. Si le capitaine Chambard était là… »

Mais, avant que je pusse dire ce qu’aurait fait le capitaine Chambard, un rugissement terrible remplit toute la vallée, comme sur la montagne, et me glaça dans la moelle des os…

Oh ! mon Dieu, oui, me glaça… ne riez pas, vous autres ! Là où le fusilier Dumanet de la 2e du 3e du 7e léger avait froid, mille millions de tonnerres et cent trente-cinq milles bombardes ! vous n’auriez pas eu chaud, c’est moi qui vous le dis !

Pitou fit simplement :

« Attention, Dumanet ! change ta capsule ! mets un genou en terre, appuie-toi bien contre le chêne : dans une minute ça sera fini. »

On aurait cru, sur ma parole, que nous allions nous faire arracher chacun une dent.

Pitou me dit encore :

« Veux-tu tirer le premier ? »

Je rétorquai :

« Ça, mon vieux Pitou, je n’osais pas te le demander. Je suis si sûr de mon coup, qu’à trente pas, si je voyais clair, je parierais de l’attraper dans l’œil droit.

— Ah ! dit Pitou, c’est étonnant. »

Je répliquai :

« Nous sommes tous comme ça dans la famille des Dumanet, du village de Dardenac, tout près de Libourne.

— Eh bien, dans la famille des Pitou, près d’Issoire, on n’est pas comme ça ; on n’est sûr de son coup qu’à trois pas.