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LA CHASSE AUX LIONS

soin, et Pitou, qui pensait à tout, acheta six livres de pain qu’il partagea comme un frère en trois portions égales, et dont il offrit la seconde à Ibrahim. La première, ça va sans dire, était pour moi.

Alors je dis :

« Partons, maintenant. Mais toi, Ibrahim, connais-tu bien la route ?

— Si je la connais ! répondit l’Arabe. J’y suis retourné ce matin, et j’ai retrouvé les traces de mon pauvre Ali et celles du lion.

— Ah ! ah ! dit Pitou. Tu me feras voir ça. »

Mais nous n’allâmes pas bien loin. À une demi-lieue, dans la vallée, presque au même endroit où nous nous étions rencontrés la veille, Ibrahim s’arrêta tout à coup et s’écria :

« Le voilà ! le voilà ! »

À ce cri, Pitou arma son fusil. J’armai pareillement le mien, et nous regardâmes devant nous.

Pitou était calme comme à la parade. Moi, j’étais… comment faut-il dire ? j’étais content, si vous voulez, puisque j’étais venu là pour rencontrer le lion et que j’allais le rencontrer. Cependant je pensais aussi qu’il y a des moments dans la vie qui sont plus agréables les uns que les autres ; et si le capitaine Chambard avait été là avec tous ses amis, eh bien, j’aurais partagé volontiers avec lui le plaisir de tuer le lion.