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LA CHASSE AUX LIONS

c’est, mon ami Pitou, que d’avoir de l’esprit et pourquoi je suis content que tu n’en aies pas… Mais tu as un cœur d’or.

— Ça, dit Pitou, c’est possible. Je ne sais pas ce que c’est qu’un cœur d’or ; je n’en ai jamais vu… Mais ce n’est pas la peine de me passer la main dans les cheveux et de me chatouiller l’amour-propre. Tu veux aller à la chasse au lion, j’y vas ; la lionne y sera, moi aussi, les petits aussi. Ça ne fait rien, Dumanet ; si tu en es, j’en suis. Seulement, prenons nos précautions : ne va pas te faire dévorer aujourd’hui ; le père Dumanet ne serait pas content… »

Après un moment de réflexion, il ajouta :

« Ni moi non plus. »

À quoi je répondis bien sincèrement, je vous assure :

« Ni moi, Pitou. »

Ce qui le fit rire et moi aussi.

Nous étions alors à l’ombre d’un grand et beau chêne, le même sous lequel nous nous étions arrêtés la veille. On voyait de là une grande partie du pays. Nous nous arrêtâmes pour faire chacun une cigarette.

Tout à coup, Pitou me dit :

« Où donc a passé Ibrahim ? je ne le vois plus. »

En effet, l’Arabe avait disparu.

Au même instant, nous entendîmes une puissante voix d’âne qui criait de toutes ses forces :

« Hi han ! hi han ! hi han ! »

Pitou, entendant cette belle musique, me dit :

« Dumanet, l’âne d’Ibrahim n’est donc pas mort ?

— Probable, mon vieux, tout à fait probable et même conséquent ! sans quoi il n’ouvrirait pas une si forte gueule. »

Alors Pitou ajouta :

« S’il chante, c’est que le lion s’est sauvé.

— Pourquoi sauvé ?

— Parce qu’il aura entendu parler de toi et de ton fusil, qui ne