ciel se fait entendre à ses oreilles : « Antoine, où vas-tu, et quel est ton dessein ? » Antoine, qui avait coutume de s’entendre ainsi appeler souvent, répondit : « Puisque ces peuples ne me laissent point en repos, j’ai résolu d’aller dans la haute Thébaïde pour éviter les importunités qu’on me fait subir en ce lieu, et surtout parce qu’on me demande des choses qui sont au-dessus de mon pouvoir. » La voix lui dit alors : « Si tu veux trouver une paix véritable, va-t’en au fond du désert. »
Des Sarrasins le conduisent à une montagne solitaire.
50. Antoine répondit : « Qui me montrera le chemin ? car je ne le connais pas. » Aussitôt la voix lui indiqua des Sarrasins qui devaient suivre cette route. Antoine s’avança donc, et, les ayant abordés, il les pria de lui permettre de les accompagner dans le désert. Ceux-ci, comme si la Providence leur en eût donné l’ordre, l’accueillirent avec empressement. Après avoir marché avec eux trois jours et trois nuits, il arriva au pied d’une montagne très-élevée. On y voyait une source d’eau parfaitement claire, douce, fraîche. Au delà s’étendait une plaine, où croissaient quelques palmiers sauvages.
Il y habite seul.
51. Antoine, se croyant dirigé par le Seigneur, adopta cette montagne pour son asile, car c’était bien le lieu que la voix du ciel lui avait indiqué sur les bords du Nil. Ayant reçu des pains que lui don-