vés au but de leur voyage, lorsque les deux chevaux se mirent à jouer ensemble, comme ces animaux ont coutume de faire. Tout à coup le cheval sur lequel Nestorius était monté (c’était le plus doux des deux) mordit Balacius, le renversa et se précipita sur lui. Il lui déchira si horriblement la cuisse, qu’il fallut sur-le-champ le remporter à la ville, où il mourut au bout de trois jours. Tout le monde admira un si prompt accomplissement des menaces d’Antoine.
Charité de saint Antoine à l’égard du prochain.
82. Tels étaient les avis qu’il donnait à ceux qui se conduisaient avec inhumanité. Quant à ceux qui venaient le trouver, il leur donnait de si sages conseils que tous enviaient le bonheur de ceux qui abandonnaient le monde pour la solitude. Il mettait d’ailleurs un si grand zèle à défendre les opprimés, qu’on eût pensé que c’était lui-même qui souffrait l’injustice dont il voulait garantir les autres.
Il console les affligés et il secourt les pauvres.
83. Il semblait être un médecin donné de Dieu à toute l’Égypte. Quel affligé vint le trouver, sans s’en retourner la joie au fond du cœur ? Vint-il un homme pleurant la mort de ceux qui lui étaient chers, sans déposer aussitôt son deuil ? Vint-il un homme irrité contre un adversaire, sans se réconcilier avec lui ? Vint-il un seul malheureux, désolé de son indigence, sans mépriser les richesses, sans accepter sa