Saint Antoine est un des hommes les plus admirables que le christianisme ait produits. Destiné par la Providence à créer la vie monastique, il l’a tout d’un coup élevée par ses conseils et par ses exemples à une hauteur qu’elle n’a point dépassée dans les âges suivants. Il se retire au fond d’un désert, et les peuples l’y suivent, attirés par sa sainteté. Des villes se fondent autour de sa cellule. On s’entretient de lui, non-seulement dans toute l’Égypte, sa patrie, mais dans l’Asie, à Constantinople, à Rome, en Espagne et dans les Gaules. Ce moine sans lettres fait l’étonnement d’un siècle fécond en grands hommes. Les docteurs invoquent son autorité sur les plus hautes questions de la théologie ; les païens le vénèrent ; les hérétiques le redoutent. Saint Athanase l’appelle pour confondre les Ariens, dont l’obstination triomphait de son éloquence. Le vieillard descend de sa montagne, ferme la bouche aux ariens, et, dans un petit nombre de jours, convertit plus d’infidèles que tout le clergé d’Alexandrie n’aurait fait dans une année. En entendant raconter la vie de ce pieux solitaire, Augustin fond en larmes et s’arrache à ses passions. Le grand Constantin, maître du monde, lui envoie des ambassadeurs, reçoit ses conseils avec respect, et la lettre que lui écrit cet ignorant, il la compte parmi ses plus beaux titres de gloire. Ainsi Dieu accom-
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