Page:Aubanel - Thore - Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre.djvu/104

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par un délire qui roule sur toutes sortes d’objets et qu’accompagne un degré d’excitation plus ou moins prononcé ; la seconde, connue sous le nom de monomanie, est constituée par un délire partiel, un trouble isolé de l’entendement, la plupart des facultés ayant conservé toute leur intégrité. Cette forme reconnaît une variété principale où les passions tristes prédominent, c’est la lypémanie. Il n’est pas toujours bien facile de distinguer ces trois formes de la folie ; elles ont dans une foule de cas des points de contact si intimes, qu’il n’est pas permis de dire qu’il existe entre elles des limites bien déterminées, à l’exception de celles qui ont servi pour en donner les caractères principaux. C’est ce qui fait que les auteurs sont loin d’être d’accord sur la fréquence relative de chacune de ces formes, l’un prenant pour une manie ce que l’autre regarde comme un délire partiel, et réciproquement. Pour nous, dans la détermination du chiffre de nos monomanies, nous croyons avoir donné à cette forme plus de restriction que M. Esquirol, et beaucoup moins que MM. Parchappe et de Boutteville, qui n’en citent que quelques cas ; nous avons regardé comme tels tous les individus dont la lésion mentale était très isolée, et qui sur toute chose, le sujet du délire excepté, étaient susceptibles de parler avec raison et discernement.

Les trois autres formes offrent une abolition plus ou moins profonde des facultés ; cette abolition, congénitale dans un cas, constitue l’idiotie ou l’imbécillité suivant qu’elle est complète ou incomplète ; acquise dans les deux autres : tantôt alors elle est temporaire, et l’individu, plongé dans la stupeur, paraît ne plus