Page:Aubanel - Thore - Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre.djvu/32

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complétement, et il existe indépendamment des climats des influences qui doivent faire varier les résultats statistiques.

On voit que, dans presque tous ces relevés, les maniaques se trouvent en première ligne ; il en est de même des déments, qui le plus souvent viennent ensuite. C’est la monomanie qui occupe la place la plus variable. Cette différence viendrait-elle de l’extension trop grande donnée au mot monomanie ; ou bien, à Charenton par exemple, devrait-on en chercher l’explication dans la classe de la société qui fournit des aliénés à cet établissement ? Si pour quelques médecins cette forme de folie est plus fréquente que pour nous, il en est d’autres qui veulent la rayer du cadre nosologique. M. Foville finirait par ne plus admettre de monomaniaques : « Je n’ai vu que deux monomaniaques, dit-il, et encore ces deux malades éprouvaient par moments un délire plus ou moins étendu. » Enfin, il arrive assez souvent de confondre sous ce nom des variétés qu’il convient de distinguer. Nous n’avons point entre nos mains les moyens de trancher la question ; nous nous contenterons de faire remarquer que nos résultats sont basés sur un chiffre beaucoup plus considérable, et qu’à ce titre ils méritent plus de créance. Ils sont, de plus, en harmonie avec ceux que nous a donnés le recensement de notre division au 1er décembre.

Nous ne saurions trop insister à ce sujet sur la nécessité d’établir des divisions et des définitions bien précises avant de publier des chiffres. Leur utilité devient nulle quand le même sens n’est point attaché aux mots généralement employés.