Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans une autre séance, M. Beau est revenu sur les bons effets qu’il a obtenus du sulfate de quinine ; alors un sérieux a dit tout bas : « C’est plus Beau que nature ! » Le mot a circulé, il a fait fortune, et le succès du sulfate de quinine est jugé… à l’Académie bien entendu !

M. Piorry. — M. Piorry, nous ne l’apprendrons à personne, est un esprit ingénieux qui réunit à un immense savoir une dialectique inexorable. De plus, M. Piorry est ce que nous appelons un caractère, ce qui fait qu’il a souvent à lutter contre les qualités de sa propre nature, dont on voudrait injustement lui faire un crime.

M. Piorry a des principes, et comme il sait les pousser résolument jusqu’à leurs dernières conséquences, ses discours solennels reflètent presque toujours une teinte paradoxale, alors même qu’ils ne sont en réalité que l’expression imagée d’observations recueillies à l’étamine des faits. Enfin M. Piorry a une manière artistique d’exposer les faits qui imprime à sa physionomie un caractère antique. C’est ainsi que durant les débats de la question pendante, il a constamment présenté l’austère figure d’un autre Phidias préludant majestueusement à la statuaire de l’organopathie viscérale !

Que d’autres oublient follement ce qu’on doit à la science et à la verve du professeur Piorry ; plus juste à son égard, nous rendrons toujours un sincère hommage à son mérite et à ses nobles et chevaleresques efforts.

Loin de regarder la fièvre puerpérale comme une entité, M. Piorry ne reconnaît en elle qu’une série d’états anatomo-pathologiques dont les symptômes demandent une description spéciale et réclament chacun un traitement direct. Toutefois, parmi ces divers états morbides, il en est un, la galémie, autrement dit la fièvre de lait, que M. Piorry signale avec raison comme constituant la fièvre puerpérale