Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/61

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qui échappe à toute cause saisissable ! Pour eux, au contraire, la fièvre essentielle a nécessairement une cause déterminante ; seulement cette cause n’est pas, comme on l’affirme, une inflammation quelconque, pas même une péritonite, encore moins une gastrite ou une gastro-entérite, comme on disait dans ces temps déjà si loin de nous, où l’on mettait tout en œuvre pour désentialiser les fièvres !… Nous demanderons à cette occasion ce que sont devenues les gastrites et les gastro-entérites d’alors, et ce qu’on en a fait ? C’est un renseignement curieux à recueillir, car il renferme un bien grand enseignement.

Pour les hippocratistes, toute fièvre indistinctement, fièvre essentielle ou symptomatique, primitive ou secondaire, est une réaction vitale, c’est-à-dire le fait de cette lutte synergique, qui, à des degrés différents, est le propre même de la vie et en caractérise en quelque sorte la loi fondamentale !… Car, sachez-le bien, pour les hommes qui ont étudié la tradition, qui la comprennent et qui la respectent, vivre c’est réagir, cesser de réagir, c’est mourir.

Ainsi donc les hippocratistes professent qu’il n’y a pas de fièvre ou de réaction sans une modification préalable et de la sensibilité et de la contractilité générale, sans une impression quelconque ressentie primitivement soit par les solides, soit par les liquides ; mais ils soutiennent que la fièvre peut se déclarer indépendamment de toute inflammation primitive, et ils diffèrent sur ce point des symptomatiques qui prétendent que toute fièvre sans exception se lie, comme un effet à sa cause, à une inflammation ou à une lésion anatomique quelconque. En partant de ces principes, toute fièvre qui s’ajoute à une inflammation déjà existante et qui la complique est une fièvre symptomatique ; toute fièvre, au contraire, qui préexiste à une ou à plusieurs inflammations est une fièvre essentielle ; dans le premier cas, l’inflammation domine ordinairement la fièvre ; dans le second cas, la