Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/99

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Laissons donc clabauder la foule, et contentons-nous de l’encouragement et du suffrage de ceux qui aiment le travail et qui savent ce que valent quelques bonnes idées semées sur le chemin. Quant aux jeunes médecins dont le jugement, que l’on fausse tous les jours, pourrait être égaré par ce qui se passe autour d’eux, nous leur dirons : Sachez bien, Messieurs, qu’il n’y a point de pratique, ni même de routine, si sotte, si plate, si ridicule que vous puissiez avec effort vous la figurer, qui ne soit au fond l’expression d’une conception quelconque, supérieure ou commune, scientifique ou vulgaire ; d’où il résulte que tout praticien, en dépit même des dédains qu’il affiche pour la théorie, est toujours, malgré lui, un théoricien de haut ou de bas étage, qui sait beaucoup ou qui sait peu, qui sait mal ou qui sait bien, mais qui agit toujours instinctivement ou scientifiquement, en raison de ce qu’il sait.

Du reste, ce qui s’est passé à l’Académie vient parfaitement à l’appui de notre sentiment. En effet, a-t-on jamais surpris la grande pratique en plus flagrant délit de défaillance et d’impuissance ? A-t-on jamais trouvé sur le roc plus de stérilité ? Est-ce donc là tout ce que l’exercice de la médecine le plus délicat et le plus étendu a révélé aux matadores les mieux informés des premières cliniques du monde ? Évidemment non ; car s’il en était ainsi, on aurait le droit de dire les choses les plus détestables de la pratique, impartialement jugée par ses œuvres et dans ses derniers résultats… Espérons donc ! Toutefois, répétons que la pratique est incontestablement une chose essentielle, fondamentale et considérable, mais à la condition expresse d’être incessamment fécondée par une vaste instruction théorique, car sans la science pas de pratique digne de ce nom, mais tout uniment une tactique bâtarde, un stupide et mécanique tâtonnement. Du reste, notre réflexion s’applique non-seulement à la médecine, mais encore à la musique, à la sculp-