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Le Conseil des Écoles pouvait avoir toutes sortes de bonnes raisons pour séparer les enfants japonais des enfants américains, mais toute raison eût été meilleure à donner que la différence de race : le désir de les humilier était trop manifeste, juste au moment où ce peuple enivré de victoires prétend marcher de pair avec les grandes puissances. Au surplus, sitôt qu’aux États-Unis la question de races est soulevée, on pense au Nègre. À un Japonais, il est naturel que toute mesure qui indique qu’il n’est pas blanc de peau, qu’il n’est pas d’un contact souhaitable pour des Blancs, apparaisse comme un moyen de le reléguer à cette Jim Crow position, à cette

    réservés aux États ou au peuple ». Assurément, les États, quand ils établirent la Constitution déléguèrent le treaty-making power au gouvernement fédéral, mais un traité n’est pas valide qui va à l’encontre de la Constitution fédérale ou d’une loi ou d’une constitution d’État, si cette loi ou cette constitution rentre dans les pouvoirs réservés de l’État. Or la loi des écoles de Californie relevant du police power, pouvoir d’État non délégué au gouvernement fédéral, est suprême et ne peut être rapportée que par la législature d’État. Une loi du Congrès des États-Unis ne pourrait l’abroger, par conséquent le Président et le Sénat, dans l’exercice du treaty-making power ne peuvent faire ce que le Congrès n’aurait pas qualité pour faire. En résumé, le traité de 1894 ne spécifie aucun des privilèges scolaires que le Japon réclame en Californie, mais, — point plus important, — même s’il le spécifiait ce traité ne pourrait être la loi suprême du pays car, violant la Constitution, il transgresserait le treaty-making power. Derrière cette discussion constitutionnelle, ce qui est intéressant c’est la protestation passionnée contre le développement de l’État fédéral aux dépens des droits réservés des États, développement dû à la politique personnelle du président Roosevelt ; c’est l’esprit de la vieille Constitution opposé à la tendance de l’impérialisme nouveau.

    À cette thèse, le secrétaire d’État, M. Root répondit :

    « Ce traité de 1894 ne donne pas aux États-Unis l’autorité pour forcer un État à maintenir des public-schools ou à étendre les privilèges de ses public-schools à des enfants japonais ou aux