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Cependant, si l’on raisonne de sang-froid, pour les émigrants d’Europe qui débarquent à New-York, quelle distance à parcourir, — quatre jours et demi sans arrêts, par les trains les plus rapides et les plus luxueux, — quelle dépense à ajouter aux frais de la traversée océane que cette autre traversée du continent ! et avant d’atteindre la frange lumineuse et fertile qui s’étire au long du Pacifique, que de terres étouffantes et nues à franchir depuis le glacis des prairies qui des champs du Kansas monte vers les Rocheuses, jusqu’aux déserts qui s’affaissent entre les monts Wabash et les chaînes du Nevada ! Il faut avoir vu ces alternances monotones de montagnes et de bassins arides, pour sentir tout l’isolement de la Californie. La Californie, pour un émigrant venant d’Europe, est un second exil.

La découverte de l’or et du pétrole a fait la réputation de l’État, mais seules les récoltes de son sol lui donneront une population dense et stable. Or dans ce pays aride ou semi-aride, pas de récoltes abondantes ni de large peuplement sans irrigation. Si la population s’accroît peu dans ce pays si grand, si les Européens viennent peu dans ce pays si beau, si les gens qui l’habitent sont en faible proportion des ruraux, c’est que les trois quarts de l’État sont actuellement impropres à la culture, hérissé ou bossué qu’il est du nord au sud, à l’est comme à l’ouest, de montagnes

    sylvanie, 85 000 dans le Massachusetts : tandis que l’Est se congestionne, l’Ouest languit d’inanition.