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plus grave qu’elle n’est. Ce qui alarme, c’est le symptôme, l’idée que le mouvement commence seulement, que, bientôt 350 000 Japonais, — moitié du chiffre annuel de l’accroissement de la population, — peuvent émigrer chaque année en Amérique[1]. La Californie peu peuplée, de natalité faible, à 2 800 milles ou 4 500 kilomètres du centre de la population des États-Unis (Columbus, Ohio), séparée de la partie vraiment

  1. « Des membres de cette Chambre m’ont dit récemment : Dix ou quinze mille Japonais par an ! Il n’y a rien là qui puisse alarmer. Dans l’Est, chaque année, nous recevons d’Europe un million d’étrangers et nous n’y pensons pas. » — Je ferai remarquer à ces messieurs que nous avons en Californie une population de 2 millions environ, un quarantième de la population des États-Unis. Multipliez par 40 le chiffre des arrivées annuelles de Japonais et vous avez 400 000 ou 600 000. Ces messieurs croient-ils que si 600 000 coolies japonais débarquaient chaque année à New-York et se répandaient dans les États de l’Est et si cette immigration croissait rapidement, le peuple ne s’alarmerait ni ne protesterait ? » Hon. E. A. Hayes (of California), House of Representatives, 23 janvier 1907. « L’Angleterre nous a envoyé 3 1/2 p. 100 de sa population totale pendant ces vingt-cinq dernières années. Si les vingt-cinq années prochaines, le Japon nous envoyait seulement 3 1/2 p. 100 de sa population, 1 438 000 Japonais débarqueraient en ce pays avant la fin de 1930 et tous les travailleurs, sauf les plus qualifiés, seraient chassés de la côte du Pacifique. Si les vingt-cinq années prochaines, le Japon nous envoyait la même proportion de sa population que l’Italie depuis vingt-cinq ans (6 1/2 p. 100), 2 750 000 Japonais débarqueraient sur nos rivages. C’en serait assez pour balayer jusqu’aux Rocheuses les travailleurs blancs. » Hayes, 9 mars 1907. La Japanese and Korean Exclusion League a publié des tableaux indiquant le nombre des Japonais qui seraient dans chaque État et dans 50 villes de 50 000 habitants et au-dessus, si États et villes avaient la même proportion de Japonais et de Blancs que la Californie et San Francisco. Si l’on estime à 60 000 le nombre des Japs en Californie, ils seraient plus de 300 000 dans l’État de New-York, 199 000 en Illinois, 260 000 en Pennsylvanie, et à estimer à 10 000 leur nombre à San Francisco, ils seraient 90 000 à New-York, 50 000 à Chicago, 35 000 à Philadelphie.