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japonais comme des Nègres. Écoutons ces recommandations d’un des hommes importants de la Planters’ association d’Honoloulou à un manager de plantation[1]. « Autrefois nous avons trop pris l’habitude de traiter Japonais et Chinois comme des animaux plutôt que comme des hommes. Nous ne le pouvons plus maintenant, car il n’est pas vraisemblable que cette race extrêmement polie accepte un tel traitement. Ainsi, continuez d’être sévère pour les flâneurs, mais tempérez votre fermeté de plus d’amabilité que vous n’aviez coutume il y a dix ans. »

Les Japs qui passent des Hawaï en Californie sont parmi les plus émancipés ; ils quittent les îles pour être plus indépendants et ce sont des gaillards rusés, ambitieux, énergiques. Leur goût de l’association leur donne une grande force de pénétration et les rend souvent dangereux : « Le Japonais est assez malin pour tirer de son travail autant qu’il peut, mais il commence par rabattre assez sur les salaires moyens payés aux Blancs pour enlever l’affaire… Une fois qu’il est maître du terrain, fini le bon marché. Il n’y a pas de syndicat ouvrier qui soit plus despote en ses demandes qu’une compagnie de travailleurs japonais, une fois qu’ils ont écarté toute concurrence. Demandez aux planteurs hawaïens si cela n’est pas vrai[2]… On cite deux exemples de Japonais employés dans un verger de Californie qui, trouvant qu’ils contrôlaient le marché du travail dans le voisinage, forcèrent les propriétaires du verger à leur vendre la récolte à très bas prix, sous menace de laisser les fruits pourrir sur

  1. Third Report on Hawaï. Bulletin of the Bureau of Labor, n°66, September 1906, p. 498.
  2. Hayes. House of Representatives, 23 janvier 1907.