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Plus d’un million de Blancs débarquent chaque année sur la côte atlantique des États-Unis. Pour éliminer les coolies japonais sans froisser le Japon, certains Américains pensent qu’il suffirait d’exiger des immigrants de toutes races, la possession d’un capital assez élevé. Un tel système exclurait sûrement par centaines de mille les immigrants qui viennent de l’est ou du sud de l’Europe, mais il exclurait moins sûrement les coolies japonais qui auraient peut-être avantage, vu les bénéfices qu’ils peuvent faire aux États-Unis, à emprunter à des Compagnies d’émigration le capital nécessaire[1]. Pour un avantage aussi douteux, les Américains se priveront-ils du million d’immigrants qui annuellement est nécessaire à leur prospérité et renonceront-ils à leur tradition d’hospitalité ?

Au reste la question des rapports entre travailleurs jaunes et blancs n’est pas envisagée de même façon par les syndiqués d’Europe, protégés à distance contre la concurrence directe des Jaunes, et par les syndiqués d’Amérique et d’Australie que cette concurrence hante dans leur vie de chaque jour. On l’a bien vu au Congrès socialiste international de Suttgart en 1907. Les questions d’immigration et d’émigration qui n’avaient pas été résolues au congrès d’Amsterdam furent reprises : le conflit américain-japonais leur donnait une actualité.

Les Américains du Socialist Party protestèrent contre une stricte application du principe de solidarité humaine et réclamèrent du Congrès qu’il approuvât la politique des syndicats américains. Les

  1. Jusqu’en 1907, les émigrants japonais à destination des Hawaï empruntaient 200 dollars, soit 1 000 francs aux Compagnies d’émigration. Cf. p. 57.