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menacer une fois de plus l’intégrité territoriale de la Chine. »

L’hostilité des Chinois contre les Japonais et les récents traités et accords du Japon paraissent donc garantir l’Europe continentale contre le péril jaune. À l’hostilité, à l’éloignement des deux mondes, aux antithèses abruptes de races, de religions, de civilisations succèdent des relations plus étroites et plus sympathiques. L’alliance anglaise amène déjà le soldat japonais jusqu’au golfe Persique, comme défenseur éventuel de l’Inde et de ses glacis ; le Japon négocie avec le sultan pour avoir une ambassade à Constantinople[1]. Le soldat japonais apparaîtra peut-être quelque jour dans la Méditerranée comme allié d’une puissance européenne, car non seulement on ne craint plus d’être son voisin en Extrême-Orient, mais encore on le rapproche des affaires d’Europe. Et derrière ces accords politiques se multiplient les rapports écono-

  1. Grande puissance, le Japon estime qu’il doit être représenté dignement auprès de la Sublime Porte. Constantinople est un bon point d’où observer la politique russe ; et l’intérêt que les Japonais portent à l’Islam les rapproche du Commandeur des Croyants. Ils entendent exploiter le prestige que leur a donné sur le monde musulman comprimé par l’Europe, leur victoire sur une nation chrétienne d’Europe. Des envoyés japonais étaient à la Mecque ces années dernières. Des fils de musulmans indiens vont s’instruire au Japon. Les musulmans d’Égypte et de l’Inde ont rêvé de convertir le Japon qui, bien que peu disposé à les écouter, ne les décourage pas. Les 20 millions de musulmans en Chine ne seraient pas des alliés méprisables. Le titre de protecteur de l’Islam en Asie peut être utile au Mikado et à son peuple. Le Sultan, jusqu’ici n’a pas accordé aux Japonais leur ambassade la Russie et l’Allemagne s’y opposent ; d’autre part les pays représentés à Constantinople par des ambassadeurs ont droit aux Capitulations, or le gouvernement turc cherche à restreindre et même à abolir les privilèges d’écoles, de missions, de cours consulaires qu’il juge contraires à la dignité d’un souverain indépendant.