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À distance, tout cela paraît beau, émouvant. Mais voici que cette civilisation débarque en Californie, représentée par des nuées de coolies et d’artisans : elle n’inspire au contact que mépris et que crainte, non seulement aux ouvriers blancs devant la concurrence d’une valeur de travail inférieure, mais à la plupart des citoyens devant les dangers moraux, sociaux politiques que l’installation d’un grand nombre de Japonais fait courir à la civilisation américaine :

La Californie doit rester une Californie de Blancs et non pas devenir une Californie de Japonais, disent les Japonophobes, et ils affirment que tel est l’argument principal de l’antijaponisme. Le journal, The Chronicle, répondant aux attaques des journaux de l’Est qui disent que l’antijaponisme n’est que flatterie envers les ouvriers, affirme que « si la Californie est antijaponaise, ce n’est pas seulement une question de travailleurs, c’est surtout pour empêcher qu’elle ne devienne la propriété des Japonais. Les Japonais arrivent comme travailleurs ; puis ils sont fermiers, puis propriétaires. Aujourd’hui les Japonais, dans toutes les localités, ouvrent des magasins, y possèdent des terrains ; leur influence y est considérable. Si les choses vont ainsi se développant, la Californie sera fatalement la proie des Japonais. Les Européens, en s’américanisant, deviennent de jour en jour de bons Américains, les Japonais restent toujours Japonais. En même temps que leurs entreprises s’y développent, un empire se fonde en Californie. L’antijaponisme est indispensable à la Californie pour se défendre[1].

Ceux mêmes qui sont disposés à reconnaître que parmi les Chinois et les Japonais il y a de bons tra-

    la guerre russo-japonaise, cf. Paix japonaise, Japonais et Américains, Paris, 1906.

  1. Osaka Asahi, 20 mars 1907.