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pourraient passer inaperçus ; mais ils ont intérêt à se faire arrêter pour tâcher d’obtenir un certificat qui leur permette de résider aux États-Unis, sans risque d’être repris et chassés. Devant les commissaires de la frontière, ils prétendent qu’ils ont le droit de rentrer aux États-Unis, y étant nés. Le ring les assiste d’un soi-disant interprète, en réalité d’un conseil, et leur procure un témoin — un témoignage unique suffit — qui assure que le prévenu est né dans la ville chinoise de San Francisco. Le tour réussit le plus souvent. Si le commissaire refuse l’admission, le prévenu peut en appeler à la cour de district et, en attendant l’appel, être élargi sous caution. Cependant le ring trouve à lui substituer un Chinois qui a besoin de repartir en Chine : le premier prend les papiers du second, et le Chinois, prêt à s’en retourner, se laisse condamner ; aux frais du gouvernement américain et de la compagnie de navigation il rentre en son pays sans bourse délier : le ring, les deux compères, tout le monde y gagne.

Un juge fédéral estime que si vraiment tous ces coolies chinois étaient nés aux États-Unis, il faudrait que toute Chinoise qui vivait en Amérique il y a vingt-cinq ans eût eu plus de 500 enfants[1]. « Ainsi des milliers de Chinois sont entrés aux États-Unis, et, sous prétexte qu’ils sont nés aux États-Unis, ont été reconnus aptes à devenir citoyens américains, à voter. » Un inspecteur de l’immigration disait que, on un point de frontière canadienne, « sur un millier de Chinois qui furent jugés en 1902, 750 environ

  1. Sur tout ceci, cf. Annual report of the Commissionner-general of Immigration, 1903.