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d’immenses calamités sociales s’ensuivront, — éventuellement la désorganisation de la Société.

Le parti des Américains est pris : « Avec notre forme de gouvernement[1], une race ne peut vivre sur notre territoire légalement sujette d’une autre[2]. »

Au reste, le gouvernement du Mikado fait le nécessaire pour que les émigrants japonais n’oublient pas leur pays. Il ne cesse jamais de surveiller ses nationaux, même de loin[3]. L’avantage qu’il a de bien tenir le peuple en main, on l’a vu pendant la récente guerre : les soldats japonais n’étaient pas très robustes, mais ils étaient méthodiquement entraînés ; la population n’était pas riche, mais elle a supporté tous les impôts de guerre, et, résignée, s’est tue, laissant à ses chefs plein crédit. Leur manque d’individualisme, leur soumission à la discipline, leur désir d’apprendre, leur entêtement à retenir et leur bonne moyenne de culture, l’habitude d’obéir chacun à son rang, d’observer la consigne, de répéter à la lettre les ordres reçus : ces qualités font qu’ils sont interchangeables, et qu’en cas de besoin, tous servent : des soldats dévoués, des cadres intelligents, voilà la force de l’armée japonaise et aussi la force de la nation. Ces avantages, le gouver-

  1. La Grèce a eu ses sculpteurs, l’Angleterre a eu Shakespeare ; la contribution des États-Unis à l’histoire de l’humanité, c’est sa démocratie ouverte à tous les Blancs : « Pendant des milliers d’années, les hommes d’État de tout pays se tourneront vers Washington, Jefferson, Hamilton, Franklin, Madison et les autres fondateurs de notre République, les plus grands bâtisseurs de gouvernement libre que le monde ait jamais produits. » Hon. G. G. Gilbert (of Kentucky), House of Representatives, 12 février 1907.
  2. Hayes, op. laud.
  3. Sur le contrôle de l’émigration par le gouvernement japonais, cf. pp. 59-60.