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Unis, ils n’ont pas le droit que possèdent les représentants de pauvres et secondaires nations de l’Europe… La naturalisation, en droit international est un privilège des peuples civilisés. Les Américains peuvent être naturalisés au Japon. Les Japonais ne peuvent être naturalisés en Amérique. Cela va contre le principe de réciprocité[1]… Les Japonais ne viennent-ils pas d’un pays où le self government local et le gouvernement constitutionnel ont été pratiqués depuis des années ? Les Américains n’accordent-ils pas après quelques années de résidence, le droit de vote, à des paysans russes opprimés depuis longtemps par un gouvernement absolu, et qui n’ont ni connaissance ni pratique du gouvernement libre[2] ?

Satisfaction d’amour-propre, le droit de naturalisation serait aussi pour les Japonais une arme de défense :

L’ostracisme politique et social auquel les Japonais sont condamnés en Amérique tient à ce qu’ils n’ont pas le privilège de naturalisation. S’ils l’avaient, et si trois ans après leur naturalisation ils obtenaient le droit de vote comme les Italiens, les Irlandais, les Allemands et autres peuples, le cri d’exclusion n’aurait jamais été poussé contre eux… Les Japonais sont une race éclairée ; en politique, leur pouvoir peut s’affirmer trop considérable pour qu’on s’en moque. Les politiciens qui maintenant veillent aux plaisirs des Italiens, des Allemands ou des Irlandais serviraient

  1. Lettre ouverte adressée au comte Hayashi, ministre des Affaires étrangères, par l’Hon. J. Kumpei Matsumoto, légiste, membre du Parlement, un des leaders des Seiyu-Kwai. Publiée par Daï Nippon, revue mensuelle de Tôkyô ; citée par Amer. Rev. of Rev., march 1907.
  2. K. K. Kawakami, North American Review, 21 juin 1907. Les dernières statistiques de l’immigration aux États-Unis (du 1er juillet au 30 juin 1907) renforcent l’argument japonais : les Austro-Hongrois (338 452), les Italiens (285 731), les Russes (258 943), fournissent à eux seuls les deux tiers du total des émigrants.