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provinciale avait passé trois fois un acte qui élevait à 500 dollars la taxe sur chaque immigrant japonais. Mais chaque fois le gouvernement du Dominion s’y était opposé. Un journal de Vancouver tirait de ces échecs la morale suivante : « Il faut essayer d’une autre tactique et convertir le reste du Canada à l’opinion de la Colombie[1] ». Pour convertir l’est du Canada, la Colombie britannique n’a pas hésité à entraver la venue des Japonais en leur rendant la vie intenable. Un des membres de la législature provinciale, M. Macpherson, résumait ainsi l’opinion de ses électeurs :

Peu importe qui ils soient, les Asiatiques doivent être arrêtés lorsqu’ils cherchent à entrer en nombre dans ce pays. Les autorités d’Ottawa seules peuvent mettre fin à cette immigration. Le gouvernement doit reconnaître que cette moitié occidentale du Canada ne doit pas être abandonnée aux Asiatiques. Les coolies japonais doivent être placés exactement sur le même plan que les coolies chinois. Je n’hésiterai certainement pas à forcer la main au gouvernement autant qu’il me sera possible de le faire. Si nous étions en mesure d’assimiler un grand nombre d’Asiatiques, je n’aurais pas tant d’objections à leur établissement dans le pays, mais notre population blanche est encore trop peu nombreuse pour neutraliser les Asiatiques. Le Canada doit rester un pays de Blancs[2]

En Colombie britannique, sur une population totale de 200 000 habitants, les Japonais sont peut-être 40 000 et ils ne cessent d’arriver. Aussi, parmi les Blancs, la peur que leur pays ne devienne une « an-

  1. Monthly consular and trade reports, n° 299. August 1905, pp. 174-175.
  2. Cité dans le bulletin du Comité de l’Asie française. Août 1907.