Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bliques latines : il le faut bien, car l’escadre étant dans le Pacifique, comment, en cas de troubles, pourrait-on mettre à la raison Cuba, Saint-Domingue, Haïti ou le Vénézuéla ?

Deux questions nouvelles se posent aux rêveurs de panaméricanisme :

1° Les républiques latines, dont le gouvernement et l’opinion sont hostiles aux États-Unis, ne chercheront-elles pas l’appui du Japon contre l’ingérence yankee qui ne cesse de croître dans leurs affaires ? Récemment on écrivait de Bogota à un journal de New-York, The Tribune, qu’en Colombie l’opinion, antiaméricaine depuis la révolution de Panama, souhaitait qu’une influence japonaise dans l’Amérique du Sud s’opposât à l’avance des Yankees : ce n’est pas autrement qu’à Calcutta ou à la Mecque, depuis leur victoire, les Japonais sont devenus les héros symboliques du désir d’émancipation. À Caracas, le même symbole sera sans doute accueilli par tous ceux qui ont à se plaindre du joug américain.

2° Mais quelque jour, dans cette population sudaméricaine si jalouse de la richesse et de l’influence acquises chez elle par des étrangers et qui désire que chez elle ces étrangers peinent à son profit plutôt qu’au leur, lorsque les Japonais, par leur énergie, leur patriotisme, leurs exigences et leur réussite, seront devenus aussi impopulaires qu’ils le sont présentement en Californie, l’antijaponisme, tout comme au cours du XIXe siècle la crainte de l’Europe, ne réveillera-t-il pas les sentiments de solidarité panaméricaine ?

Les Japonais commencent à peine d’émigrer dans