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Orient et qu’ils luttent pour les en évincer, les Japonais n’ont rien de plus pressé que de rouvrir cette politique de sphères d’influence dans les deux Amériques.

Au moment où le Japon cherche à placer des émigrants, les républiques latines cherchent à s’en procurer. Moins de révolutions, une politique plus stable, l’envie chez les plus sérieuses de ces républiques, comme l’Argentine, de dépasser d’ici un siècle les États-Unis, l’émulation qui saisit le Brésil, le Chili ou le Pérou à voir l’Argentine se développer et qui de proche en proche gagne ces États latins, jaloux les uns des autres : tout contribue à éveiller présentement sur ce continent des rêves de grandeur. Les richesses naturelles y abondent ; mais les capitaux et les bras manquent pour les exploiter. Actuellement le Mexique, l’Argentine, le Brésil et le Pérou dressent le bilan de leurs ressources, prennent le monde à témoin de leur sagesse et de leur avenir pour trouver en Europe, — en France surtout, — des capitaux. Et comme la main-d’œuvre d’Europe tarde à venir vers les Eldorados du Nouveau Monde, la mode y est présentement de s’adresser à l’Extrême-Orient. Capitaux inépuisables d’Europe, travailleurs innombrables d’Extrême-Orient, que les Sud-Américains réussissent à combiner sur leurs territoires ces deux forces d’est et d’ouest, et, comme intermédiaires, qu’ils se réservent les molles besognes de contrôle : ils prélèveront sur l’argent européen et le travail jaune heureusement combinés un courtage rentable. Eux à l’entreprise commune ils apporteront ce qui coûte le moins d’effort et ce qui vaut du respect à quiconque le possède : le sol. Et ce faisant, à l’abri de l’ingérence yankee dont ils sauront ainsi se