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très riches, faute de bras ; au Japon toutes les terres occupées, tant il y a de bras. Pour le plus grand avantage réciproque des deux pays, qu’ils échangent leurs richesses. C’est non pas en restant au Japon que le peuple a chance d’atteindre un jour les fortunes fabuleuses des magnats de l’hémisphère ouest, mais en envoyant là-bas les masses d’hommes disponibles. Et ce capital en hommes, sa vraie richesse, le Japon ne le place pas, comme les nations européennes, à fonds perdus : il garde sur lui la haute main, il en touche soigneusement les revenus — revenus centuples de ce qu’il rapporterait au Japon, — et, le moment venu, sait l’y faire rentrer.

Dans l’Amérique du Sud, faute de Blancs, les Jaunes sont les bienvenus. Sans doute, « le gouvernement péruvien accueille favorablement les ouvriers blancs et n’aime pas trop les travailleurs jaunes. Mais les affaires de ce pays ne sont pas assez développées pour qu’on y fasse appel à la main-d’œuvre blanche ; aussi sera-t-il obligé de recourir aux émigrants d’Extrême-Orient. Si donc le ministre des Affaires étrangères et les compagnies d’émigration faisaient tous leurs efforts, ce pays pourrait devenir un second Hawaï[1] ».

En ces terres de l’Amérique du Sud sur le Pacifique, reliées maintenant par un service direct avec le Japon et la Chine, il est clair que la main-d’œuvre extrême-orientale peut venir plus aisément, à moins de frais que la main-d’œuvre d’Europe. Distance et facilités de communications mises à part, il faut

  1. Toyo Keizai Shimpo. La Situation présente de l’émigration au Pérou, 5 novembre 1906.