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III

Ils se leurrent, ces Sud-Américains, s’ils croient que leur élégant projet de faire travailler sous leurs yeux, pour leur plus grand avantage personnel, les capitaux européens et les bras asiatiques ne leur réserve, quoi qu’ils fassent, que des profits. En vain déjà ont-ils essayé de s’assurer l’impunité du côté des capitalistes d’Europe en faisant condamner l’emploi de la force et en imposant l’arbitrage obligatoire pour le recouvrement des dettes ; l’Europe ne paraît pas disposée à risquer là-bas ses capitaux et à s’interdire en même temps le moyen le plus sûr de les recouvrer. De même, que les Latins d’Amérique s’avisent de mésuser du capital en hommes que le Japon va leur envoyer, le gouvernement japonais interviendra et il n’hésitera pas à profiter de leur faiblesse pour leur forcer la main. La débilité de ces gouvernements sud-américains, la mollesse de ces populations hybrides, les journaux japonais les ont déjà signalées comme des garanties de réussite pour le mouvement d’émigration et de colonisation qu’ils prônent. Que pourra bien faire un de ces États contre une mise en