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I

Tous les bruits de guerre n’ont été que propos sensationnels et controuvés. Il n’y eut même pas de frottement entre les deux gouvernements… Mais la question était : quels sentiments chez les deux peuples vont résulter du traitement infligé aux Japonais par les Américains ? Quel va être l’effet sur ce peuple fier, sensible, grandement civilisé, de la discourtoisie, des insultes, des affirmations d’infériorité et des injures qu’on lui prodigue dans les colonnes des journaux américains et dans les réunions publiques ? Quel sera l’effet sur notre peuple des réponses qu’un ressentiment naturel inspire aux Japonais ?… Ce ne sont plus les ministères des Affaires étrangères, les ambassadeurs ou les ministres qui rompent ou maintiennent l’état de paix : ce sont les peuples, par leur conduite réciproque[1].

La guerre entre le Japon et les États-Unis serait un crime contre la civilisation moderne ; ce serait une folie. Ni le peuple du Japon, ni le peuple des États-Unis ne désire la guerre. Les gouvernements des deux pays feraient l’impossible pour éviter une telle catastrophe. Ni l’un ni

  1. Address delivered by M. Root, secretary of State, before the first annual meeting of the American Society of International Law, held in Washington in april 1907. Publiée par The American Journal of International Law.