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pas empêcher de pareils attentats. L’attitude du gouvernement japonais à l’égard du gouvernement américain a été jusqu’ici peu satisfaisante. Il est nécessaire de prendre des mesures pour maintenir la dignité nationale et assurer de façon permanente la sauvegarde des droits et des biens de nos nationaux en Amérique.

Le 12 juillet, The Seoul Press, feuille officieuse du marquis Ito, avertissait les Américains : « Parmi les Japonais il y a des Jingoës, qu’excite cette fâcheuse question de San Francisco. Peut-être sont-ils disposés à regarder la visite d’une escadre américaine avec la même inimitié qui accueillit, il y a dix ans, la visite de l’amiral Ting et de son escadre, avant la guerre contre la Chine. »

Mais le gouvernement du Mikado ne tarda pas à faire taire ces mécontents. Le 13 juin 1907, il enjoignait aux journaux de s’abstenir, sur cette affaire américaine, de toute publication, qui pût agiter l’opinion. Et la consigne fut encore plus stricte dès le moment où fut publié le projet d’envoyer la flotte américaine dans le Pacifique. D’ordre supérieur, en septembre, les journaux et le peuple accueillirent avec enthousiasme le secrétaire Taft, « candidat républicain aux prochaines élections présidentielles et représentant de ces Américains qui travaillent à sauvegarder les bonnes relations traditionnelles entre les États-Unis et le Japon… Si les cuirassés américains viennent au Japon, le peuple leur prodiguera les souhaits de bienvenue[1] ».

Que signifie cette modération unanime ? Résignation définitive ou recueillement passager ? Certains

  1. Asahi Shimbun, éditorial, 10 octobre 1907.