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journaux : une Armada de cuirassés et son train d’escadre renouvelant autour des Amériques le raid fameux de l’Oregon et promenant les stars and stripes d’escale en escale, Trinidad, Rio-de-Janeiro, Punta Arenas, Callao, Magdalena-Bay, avant de se joindre aux 3 cuirassés, aux 12 croiseurs cuirassés, à la douzaine de contre-torpilleurs du Pacifique ; les arsenaux haletant jour et nuit pour parer et gaver les monstres : 253 000 tonnes de charbon pour les 254 000 chevaux de force ; du bœuf congelé plein deux navires d’approvisionnement, des œufs séchés équivalant à 36 000 douzaines, des légumes conservés représentant 270 000 livres de légumes frais. Constatations moins réjouissantes : les cales sèches manquant sur le Puget Sound et, faute de charbonniers et de transports, malgré l’avantage de 50 p. 100, offert par le Président aux compagnies américaines, l’obligation pénible à l’amour-propre national de noliser des convoyeurs anglais pour ravitailler la flotte à toutes les étapes et jusque dans la baie de San Francisco ; les cuirassés mal protégés au-dessus de leur ligne de flottaison, et si bas sur l’eau qu’ils ne pourraient tirer par mer forte, et marchant à toute vitesse ; les tourelles communiquant avec les magasins à projectiles par des puits ouverts où rien ne retarderait l’incendie et l’explosion ; les officiers de la flotte trop âgés dans les grades supérieurs et, faute d’exercices et de manœuvres, peu rompus à la stratégie[1] ; les équi-

  1. Cf. dans Mc. Clure’s Magazine, janvier 1908, The needs of our Navy, par H. Reutherdahl. À la suite de cet article et d’autres attaques dirigées contre les Bureaux, l’amiral Brownson, chef de la Navigation au ministère de la Marine a donné sa démission. Une lettre du président Roosevelt le blâma d’avoir démissionné plutôt que d’obéir aux ordres de ses supérieurs.