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achète des marchandises que les États-Unis fabriquent pour leur population vivant dans la même zone tempérée : la Chine, des cotonnades, des huiles minérales, du cuivre ; la Corée et le Japon, des machines, du matériel de chemin de fer, des aciers et fers manufacturés, du coton brut, du pétrole et de la farine. Mais le Japon, qui s’équipe industriellement, trouve aussi ses meilleurs marchés d’exportation, dans la zone tempérée, la Corée et la Chine du nord, y compris la vallée du Yang-tsé[1].

À la longue, la lutte commerciale sur les mêmes marchés et une rivalité de statistiques peuvent énerver et alarmer l’opinion publique dans les deux pays. Les rapports des consuls américains ont signalé[2] l’application méthodique des Japonais à développer leur flotte commerciale entre le Japon, la Chine et la Corée ; ils ont détaillé les correspondances qui relient les chemins de fer du Japon aux transcoréen et transmandchourien par des services réguliers de bateaux ; ils ont montré les Japonais équipant leurs ports pour héberger le trafic mondial en Extrême-Orient, cherchant à y devenir les principaux rouliers. Naguère

  1. Sur tout ceci consulter The Commercial Orient in 1905, publié par le Bureau of Statistics, Department of Commerce and Labor. Washington, 1906. Le Nichi-Nichi, cité par Le Temps du 28 octobre 1906, signale que le commerce total du Japon avec la Chine pendant les sept premiers mois de 1906 a atteint près de 97 millions de yen, alors que pour la même période de 1903 il n’était que de 60 millions de yen. La Mandchourie participe à cet accroissement pour 16 p. 100, la Chine du nord pour 21 p. 100 et la Chine centrale pour 57 p. 100. L’exportation du Japon dans les contrées d’Asie s’est élevée en 1906 à 47 p. 100 du commerce total alors qu’elle n’atteignait que 25 p. 100 en 1902.
  2. J’ai longuement exposé cette Lutte pour le Pacifique dans mon volume Paix japonaise, Paris, Librairie Armand Colin, 1906.