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cipe et s’abandonne aux instincts les moins relevés. Dans tous les ports de l’Extrême-Orient, il a une réputation de brutalité et de mauvaise vie. Il l’avait déjà, lors de son premier mouvement d’expansion au début du XVIIe siècle : on refusait alors aux Japonais la permission de débarquer avec des armes dans aucun port de l’Inde tant « leur fureur et leur audace les font craindre, partout où ils viennent[1] ».

Les Japonais, loin de leur milieu social et de leurs paysages moralisateurs, c’est comme un peloton de recrues qui, hors de la caserne, pendant une pause ou en bordée, crient fort, bousculent le civil et s’amusent à tout casser jusqu’à ce que le coup de sifflet des sous-officiers ramène ces émancipés sous la discipline du rang.

En Corée, en Mandchourie, les émigrants japonais ne sont pas non plus les meilleurs sujets du Mikado : c’est leur brutalité, leur orgueil, leur âpreté, leur cruauté qui excitent les révoltes des Coréens et les protestations des Chinois. Mais, d’être ainsi représenté, le prestige du Japon a moins à souffrir en Asie, devant des Jaunes, qu’en Amérique, devant des Blancs.

La situation économique du Japon n’exige-t-elle pas une restriction de l’émigration ? Il a besoin de travailleurs : le Nord est de population clairsemée ; la région du riz n’est cultivée qu’avec des méthodes surannées et grossières.

En Europe, on dit que la population du Japon déborde, qu’il nous faut de l’expansion, toujours de l’expansion.

  1. Murdoch et Yamagata. A history of Japan during the century of early foreign intercourse (1542-1651), Kobé, 1903, p. 580.