Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agressive monte à la tête de notre peuple ; on ne peut l’apaiser plus longtemps. »

À défaut de souvenirs historiques, c’est l’idée du rôle que leur pays est destiné à jouer dans le Pacifique qui montre la route des Amériques aux émigrants japonais : le vieux Japon regardait vers la Corée et la Chine, ses maîtres ; c’est vers les États-Unis que se tourne le Japon du Meiji.

Dès lors il est naturel que les Japonais émigrent en Mandchourie ou en Corée et que leur gouvernement les y encourage, mais il est naturel aussi qu’ils émigrent de plus belle aux Hawaï, aux États-Unis, au Canada, qu’ils commencent de gagner le Mexique et le Pérou, qu’ils jettent leur dévolu sur le Chili ou le Brésil, et que le gouvernement ne les décourage pas. Ne faut-il pas que le Japon soit partout représenté et prenne pied partout où sa puissance doit un jour dominer, à l’encontre des ambitions américaines — non seulement en Corée et en Mandchourie qui ne représentent qu’un coin des ambitions du Japon, mais dans l’hémisphère Ouest, sur la côte des deux Amériques que baigne le Pacifique ? Ses admirables réserves de capital humain, il vaut la peine de les employer un peu partout à former des Shin Nihon, de Nouveaux Japons.

Au Japon, présentement, on pense à s’enrichir. Les ressources qu’une indemnité de guerre n’a pas fournies à Portsmouth, il faut que l’industrie, le commerce, les procurent au plus vite ; la richesse est un signe de force et d’indépendance dans les pays d’Europe et d’Amérique que le Japon prétend égaler, et, comme eux, il a maintenant le goût de la haute finance, des grandes affaires, de la spéculation, du bien-être et de