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minoterie, l’élevage des vers à soie qui leur rapporteront.

Coréens et Mandchous n’ont pas un grand pouvoir d’achat ni un grand pouvoir d’emploi. Il faut que le Japon mette lui-même leurs pays en valeur pour y occuper ses nationaux. Mais pour lancer des entreprises, il faut de gros capitaux. Au Japon, en l’absence de grandes fortunes assez nombreuses, c’est l’État qui est banquier, bailleur de fonds et lanceur d’affaires, or n’est-il pas assez engagé présentement avec le chemin de fer de Mandchourie, sans financer pour d’autres industries ? « L’exploitation de ce chemin de fer mise à part, où prendre les frais d’administration en Mandchourie[1] ?» Si l’émigration japonaise s’accroît trop vite en Corée et en Mandchourie, sa réussite fera long feu. En Californie, au contraire, comme en Colombie britannique ou dans l’Amérique du Sud, les Japonais trouvent des pays à peine peuplés, et tout préparés à les recevoir, tant le capital amoncelé y est avide de main-d’œuvre : pas de tâtonnements à craindre, les émigrants y trouveront tout de suite leur place. Malgré le désir de voir des Japonais en Mandchourie et en Corée, comment n’apparaîtrait-il pas au gouvernement conforme l’intérêt national de laisser les travailleurs aller là où un capital étranger les réclame, là où ils trouveront de suite un travail bien payé, à l’abri de la concurrence déprimante d’autres Asiatiques ?

Le gouvernement du Mikado n’a jamais paru souhaiter que ses nationaux entrassent en compétition avec le Chinois, — comme s’il n’avait pas con-

  1. Tôkyô Keizai Zasshi.