Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/358

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aux Hawaï et dans les Amériques, pourquoi le gouvernement japonais a-t-il tant tardé à le faire, au cours de ces dix-huit mois de crise ? Il n’était donc guère de bonne foi quand depuis 1901, il assurait qu’il faisait tous ses efforts pour arrêter l’émigration vers les États-Unis. Cet arrêt déterminé à point nommé, alors qu’il est nécessaire pour emporter les dernières hésitations des États-Unis à accepter les promesses du Japon, durera-t-il ?

Le désir de paix du gouvernement japonais paraît lui être dicté par des raisons tout à fait extérieures au problème en question. Mais alors s’il n’a pas pris définitivement son parti de sacrifier l’émigration de ses nationaux dans l’Amérique du Nord, pourquoi sa résignation présente ?

Jusqu’aujourd’hui, les États-Unis ont été nos maîtres et nos amis, nos initiateurs et nos bons voisins. Lorsque notre pays voulut s’élever au rang de grande puissance, les autres nations s’interposèrent et nous causèrent des ennuis. L’Amérique seule nous témoigna de l’amitié. Dans l’esprit de nos concitoyens, les États-Unis ont toujours été accompagnés de l’adjectif « généreux »… Cette amitié, nous l’avons conservée encore quelque temps après nos victoires sur les Russes. Aux États-Unis, les cols Kuroki et les cols Togo étaient en vogue ; on créa des stations qui s’appelaient station Kuroki, station Togo. Nous pensions bien que cette sympathie des Américains était un peu exagérée, tout de même nous leur en savions gré. Actuellement, l’attitude des États-Unis à notre égard, semble indiquer une volonté de passer à l’extrême opposé, tellement qu’on pourrait croire qu’il ne s’agit pas du même pays[1].

De bienfaiteurs attitrés, on ne s’attendait guère à un reniement.

  1. Tôkyô Keizai Zasthi, 3 novembre 1906.